EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 21/09/1998

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(Voir délibération)

 

98-2882 - Retour en régie directe des Ecoles d'Art de Lyon (Division des Affaires Culturelles - Enseignement Mémoire) (BMO du 30/08/1998, p. 1221)

M. TROUXE Aimé-Denis, rapporteur : Il s'agit du retour en régie directe des Ecoles d'Art de Lyon.

Le 22 septembre 1998 on a approuvé le transfert, dans cette enceinte, de la gestion des Ecoles d'Art Appliqué à une association dont l'objectif était de créer un établissement de formation professionnelle rapprochant école et entreprise, les étudiants poursuivant leur formation en contrat d'apprentissage.

Or, la Commission nationale d'homologation du diplôme n'a pas donné son agrément a priori et à titre dérogatoire indispensable à cette transformation.

Elle souhaite que l'école poursuive, en l'état, c'est-à-dire : maintien de la formation par alternance ce qui est nouveau, stage en entreprise et signature de contrat de qualification. Elle souhaite, également, que nous poursuivions ce nouveau cursus pendant 3 ou 4 ans pour pouvoir demander une homologation rétroactive au vu du bilan.

Le statut association ne se justifie plus pour les contrats d'apprentissage et je vous propose un retour de cet établissement en régie directe.

Avis favorable de la Commission.

M. COLLOMB Gérard, Maire du 9e arrondissement : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, je crois que c'est quand même un dossier sur lequel il y a eu un certain nombre de ratés.

Vous vous souvenez qu'à l'époque, le passage de la régie directe à l'Association avait soulevé un certain nombre de remous au niveau des Syndicats et d'une partie du personnel des Ecoles d'Art et on nous avait expliqué que la forme associative permettrait, effectivement, de faire passer ces Ecoles d'art à un stade supérieur afin de leur donner une nouvelle dimension.

Aujourd'hui, nous revenons au point de départ et je crois qu'il n'est jamais très bon de faire des allées et venues de cette sorte, soit on assure ses arrières et on est sûr qu'en proposant une modification on va aboutir au but poursuivi, soit, évidemment, on ne change pas les choses.

Or, pour ce qui nous concerne, nous pensons que c'est là un dossier extrêmement important sur lequel, je crois, Monsieur le Maire, il conviendrait que vous puissiez vous engager.

Je crois qu'en effet, il y a un besoin urgent pour notre Ville d'avoir une formation qui peut concerner le textile lyonnais, mais aussi le design, ainsi que des éléments d'informatique : tout ce qui est lié au dessin dans l'informatique et le multi-média. Par rapport, par exemple, à la constitution du pôle textile c'est à mon avis une obligation que de pouvoir former, au sein de la Ville de Lyon, des gens qui, ensuite, feront les dessins textiles, parce qu'il est clair que la compétition, si compétition il y a, se fait au niveau de la matière grise. Si on a des écoles de dessinateurs, en Italie, qui sont hors pair alors que, sur Lyon, on se contente d'un niveau moyen, il est clair que l'on ne rivalisera jamais avec l'Italie, en matière textile.

Donc, je crois que c'est un dossier extrêmement important et qu'il faut se pencher à la fois dans le contenu, je dirai pédagogique et technologique de ces Ecoles d'art mais également dans l'endroit où elles sont situées. Actuellement elles se trouvent sur le 9e arrondissement dans une partie de l'école de la Sauvagère et, à mon avis, cela ne correspond pas à l'ambition que la Ville de Lyon pourrait avoir à leur sujet.

Si effectivement le pôle textile doit voir le jour, je pense que d'ici deux ou trois ans, il faudrait viser à intégrer cette école dans la constitution de ce pôle, de manière vraiment à en faire quelque chose de première qualité. Soit on ne fait rien du tout, soit on vise, dans ce domaine, l'excellence et je crois que l'on a intérêt pour l'avenir de la Ville et de ses industries à viser l'excellence.

M. LE MAIRE : Merci, Monsieur Collomb, je retiens l'importance de ce dossier.

M. FOURNEL Yves : Monsieur le Maire, chers Collègues, je n'aurai pas besoin d'être très long, tant le rapport éclaire l'ampleur de la précipitation et des erreurs qui ont régi ce dossier.

Je suis d'autant plus à l'aise pour le faire que notre Groupe, à plusieurs reprises et souvent seul, en Commission et en Conseil municipal vous avait alerté sur les dangers de cette transformation dans ces délais.

Que de temps gâché et d'incompréhensions provoquées par une telle précipitation !

Comment pouvait-on espérer faire fi des règles nationales d'homologation progressive des formations professionnelles ?

Je ne voudrais pas être, aujourd'hui, à la place de l'un de ces jeunes qui ont été engagés dans un cycle de formation en alternance, qui n'auront pas de diplôme reconnu et qui, tout en payant des frais d'inscription lourdement augmentés, verront leur formation amputée dans plusieurs domaines pour des raisons budgétaires. Est-il logique, aujourd'hui, de ne pas revoir à la baisse ces frais d'inscription étant donné ces éléments ?

Ne serait-il pas urgent de réunir une commission culturelle spéciale, élargie aux responsables et aux représentants du personnel de l'école, pour faire le point et envisager l'avenir ? N'y a t-il pas aussi à rechercher des complémentarités avec les formations existantes et qui sont importantes et reconnues dans les lycées professionnels publics ; d'autant qu'il semblerait que les entreprises ne se soient pas précipitées pour accueillir ces jeunes en formation et qu'un déficit existe dans le domaine des stages.

Pour ces raisons-là, tout en approuvant le retour en régie municipale, nous nous abstiendrons sur ce dossier.

M. TROUXE Aimé-Denis, Adjoint : Je crois qu'il y a beaucoup de bon sens dans certaines remarques mais comme toujours il y a aussi beaucoup d'emphases négatives. On est bien d'accord, on a un besoin urgent de formation et c'est là-dessus que l'on a insisté et que l'on a tenté de réaliser une solution ambitieuse.

Je vous rappelle rapidement quelques données.

Quand on a pris en charge cette école, elle était dans un état difficile -et c'est un euphémisme- tant au plan du fonctionnement qu'au plan du moral des enseignants et des élèves. Surtout, il n'y avait pas de projet.

M. Lignier, nouveau directeur engagé sur la fin de l'ancien mandat, est arrivé avec un projet associatif. Il était chargé de le mettre en route. Il l'a donc développé, dans un contexte difficile, mais pas à toute allure, pas rapidement, pas à la hussarde ou à la sauvette, comme cela a été dit. Nous avons beaucoup travaillé ainsi que la Division des Affaires culturelles dans une ambiance semblable à celle que nous connaissons au niveau national. Tout ce qui concerne l'enseignement n'est pas tellement calme. Ce n'est pas facile de travailler dans un milieu où il y a beaucoup d'hommes et de femmes méritants, mais où c'est dur de faire changer les choses.

En effet, devant cette absence de projet, nous avons décidé de réaliser une réforme qui permettrait aux élèves de mieux s'insérer dans la vie professionnelle.

La reconnaissance du diplôme au niveau national représentait une étape importante et indispensable qui exigeait, en temps normal, trois à quatre années pour l'obtenir, surtout pour une école comme celle-ci qui n'a aucune notoriété en France, que personne ne connaît et que le jury, à Paris, a vu arriver sans en avoir entendu parler. Nous avons pu le constater.

Pour compenser cette faiblesse de notoriété et pour réussir, nous avons décidé de construire un projet ambitieux permettant de promouvoir l'enseignement en alternance, l'apprentissage et la formation professionnelle. Nous avons tenté, nous avons avancé, nous avons travaillé, et malgré tout, cela n'a pas suffi pour obtenir plus rapidement la reconnaissance du diplôme au niveau national. On nous l'a refusé en nous priant de "retourner à nos chères études". Nous sommes donc amenés à revenir au cas normal, celui d'une procédure longue, à la différence, cependant, que cette tentative, je tiens à le dire, se solde par des résultats positifs. Je m'explique et jugez plutôt : huit contrats de qualification (on aurait pu en avoir plus), enseignement de nouvelles technologies, par exemple l'infographie (et je vais vous en parler), la liaison avec les milieux professionnels dont nous étions écartés, l'enseignement nouveau de l'anglais.

Toutes ces raisons démontrent que la Division des Affaires Culturelles et ma délégation ont beaucoup travaillé et nous nous efforcerons de faire aboutir d'autres options, toujours avec l'objectif de mieux adapter l'enseignement aux besoins des professionnels pour une meilleure insertion des élèves. C'est un travail de longue haleine, dans un milieu difficile et on voit bien que, même au niveau national, malgré les efforts du Ministre de l'Enseignement, les résultats sont très longs à venir.

Je tiens à raconter une petite histoire : il y a une dizaine d'années, j'avais rencontré le Directeur de cette école, à l'époque je représentais la profession des publicitaires de la Région en tant qu'Administrateur du Syndicat des agences-conseils. Je lui avais demandé de former des infographistes, car on en avait besoin, il m'a répondu qu'il n'avait pas d'argent. Nous avions mis au point une convention par laquelle nous fournissions, nous les professionnels, les ordinateurs et l'école formait les élèves. Ce projet n'a pas abouti, car il y avait trop de monde à mettre d'accord.

Donc, il y a dix ans, on avait déjà besoin d'infographistes car il n'y en avait pas et on a découvert fin 1995 une école dans laquelle il n'y en avait toujours pas. Nous avons donc créé au total vingt postes d'infographistes et aujourd'hui, cette technique est comme le crayon, la plume ou le pinceau pour les personnes qui travaillent dans le design, la mode, l'architecture. On aurait voulu réussir mais lorsqu'on vous refuse un diplôme, que faut-il faire ? Notre école n'était pas assez connue, il fallait la faire "mousser", car -je le répète- elle était inconnue "au bataillon".

Notre projet, maintenant, est de la faire connaître et de continuer notre travail.

M. LE MAIRE : Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées à la majorité.

(Le Groupe GAEC s'est abstenu.)