EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 21/09/1998
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98-3009 - Approbation du Programme d'aménagement du site Subsistances en lieu culturel (Division des Affaires Culturelles) (BMO du 28/08/2998, p.)
M. TROUXE Aimé-Denis, rapporteur : Mesdames et Messieurs, vous avez adopté le projet d'utilisation culturelle du site ainsi que le maître d'œuvre et je vous demande, ce soir, d'approuver le schéma directeur d'aménagement et d'affectation des lieux. Le réajustement de l'enveloppe de 70 millions, est dû aux travaux du propriétaire sur le clos et le couvert, travaux dus aux détériorations subies pendant trois ans, depuis la première évaluation ainsi qu'à l'augmentation des surfaces à aménager, à des erreurs de plans fournis par les prédécesseurs.
En effet, il existe un différentiel entre les superficies estimées par l'Armée et celles de l'architecte, de 20 %. Les travaux se dérouleront d'avril 1999 à octobre 2000. Le budget de fonctionnement sera en rapport avec les possibilités d'accueil dans un site en travaux. Cette dépense correspond, donc, au programme voulu par la Ville : rez-de-chaussée et certains premiers étages. Avis favorable de la Commission.
M. JULIEN-LAFERRIERE Hubert : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, autant vous le dire, dès le départ, notre Groupe votera ce rapport et sans état d'âme. Non que ce projet ne suscite quelques inquiétudes -j'y reviendrai- mais parce qu'il pourrait bien aider à rompre avec le paradoxe culturel lyonnais qui est que Lyon est à la fois dotée d'une grande richesse culturelle, mais qu'en même temps, notre Ville manque cruellement d'un lieu où souffle l'esprit de création.
La délibération qui nous est soumise, ce soir, porte sur l'aménagement du site même si c'est tout autant le projet culturel qui nous intéresse. Nous avons bien affaire, finalement, à un double projet. Au départ un projet en faveur de la création culturelle, mais l'aménagement du site à cette fin lui donne une dimension patrimoniale essentielle. A ce sujet, je me réjouis que l'on ne parle plus de "friche", terme qui n'est pas tout à fait adapté à un site d'une telle valeur patrimoniale et on a bien, dans ce projet culturel, un projet patrimonial à part entière.
Le pari est donc important puisqu'il s'agit, à partir d'un projet en faveur de la création, de prendre en compte la dimension patrimoniale sans en altérer les objectifs culturels définis au préalable. Alors, puisque nous nous prononçons sur cet aménagement, je voudrais, quand même, préciser que le document annexé à ce rapport et que j'ai trouvé à la Division des Affaires Culturelles, précise dans sa conclusion, que le coût final de l'opération sera de 120 MF et -puisque M. Trouxe ne l'a pas précisé je me permets de le faire- que les 70 MF que nous votons ce soir sont évalués comme le coût de la première phase des travaux. Cela me paraît important de le mentionner bien que nous ne le votions pas.
J'en viens au projet culturel lui-même, puisque c'est là que doit se situer le fond de notre discussion. Il s'agit par ce projet inspiré de la friche de la Belle de Mai, de favoriser le bouillonnement culturel et la jeune création. Si je devais faire un vœu, je reprendrais les mots du Directeur Régional des Affaires Culturelles, M. Bengio que j'ai entendu lors de la retransmission du défilé de la Biennale, qui parlait de l'abolition des frontières. Et bien je crois que ce site des Subsistances devrait également être un lieu où les frontières culturelles seront abolies :
- frontières entre les arts pour permettre un croisement des arts ;
- frontières entre amateurisme et professionnalisme ;
- frontières entre les créateurs lyonnais et ceux de la périphérie voire d'autres régions ;
- frontières entre les artistes et les Lyonnais tout simplement, puisque l'objectif est de faire se rencontrer les artistes, les Lyonnais et leur Ville ;
- frontières, enfin, entre les pratiques puisqu'il s'agit de mêler les lieux de répétitions, de formation, de diffusion, d'exposition, de production -ces expériences de la friche de la Belle de Mai ou du Florida d'Agen- ont montré combien la polyvalence de ces lieux était un élément fondamental de l'émergence culturelle.
J'en viens à un problème de fond puisqu'il s'agit de favoriser l'émergence culturelle. Vous savez, comme moi, que de nombreux artistes se demandent s'il s'agira d'un outil pour des compagnies qui ont déjà des moyens de fonctionner parce qu'elles sont, par exemple, subventionnées par la Ville ou s'il s'agira réellement, selon les propres mots de M. Trouxe lors d'une précédente délibération"de produire des artistes".
Si c'est bien de ce deuxième objectif dont il s'agit, alors il faudra des moyens conséquents et je crois, et je ne suis pas le seul à dire que les moyens en fonctionnement prévus pour la première année ou les deux premières années, ne seront pas suffisants pour satisfaire une telle ambition. Un million et demi par an prévus et j'ai entendu dire qu'il faudrait trois millions de francs de fonctionnement pour réellement satisfaire cette ambition.
Monsieur le Maire, mes chers Collègues, nous avons un beau projet, faisons en sorte qu'il ne soit pas seulement une opération de prestige mais qu'il permette réellement une nouvelle émergence des richesses culturelles lyonnaises.
M. CHABERT Henry, Adjoint : Simplement deux mots, Monsieur le Maire, mes chers Collègues, pour dire que nous nous réjouissons qu'un architecte soit désigné pour conduire ce projet et qu'il permette, à travers ce qui nous a été montré, de créer véritablement quelque chose de beau et de digne de ce site.
C'est vrai que les sommes sont importantes, mais je crois que ce bâtiment et le projet lui-même méritent que l'on y consacre effectivement de l'argent. On fait totalement confiance également, notre Groupe notamment, à Denis Trouxe pour faire en sorte que l'évolution des frais de fonctionnement n'évoluent pas au détriment du soutien aux artistes, je crois que c'est un point important. A partir du moment où une structure de ce type existe, elle est faite pour soutenir l'activité artistique. Par conséquent, nous souhaitons que, véritablement, le rapport entre les frais de fonctionnement et le soutien aux artistes soit toujours parfaitement respecté et puisque c'est, au fond, l'objectif poursuivi, d'autant que l'on a beaucoup d'artistes lyonnais qui méritent, de ce point de vue, d'être soutenus, de pouvoir se montrer, de pouvoir travailler. Cela a déjà été dit, je pense en particulier à quelqu'un comme Isabelle Denis -encore qu'elle n'ait pas besoin, désormais, des Subsistances- qui est sortie des Beaux-Arts et est reconnue au niveau international. Elle sera d'ailleurs reçue ici prochainement, dans le cadre de son concours et du concours qu'elle a obtenu pour être lauréate de la Villa Médicis. Donc, je crois que, sur ce projet, nous ne pouvons qu'être d'accord sur l'objectif poursuivi, à condition d'être prudents pour que les artistes soient véritablement les vrais bénéficiaires de l'action ainsi engagée.
M. FOURNEL Yves : Notre Groupe votera pour ce dossier dans la mesure où il porte d'abord, sur la réhabilitation des bâtiments, et que le projet élaboré par l'architecte est, je le crois, un bon projet. Nous souhaitons d'ailleurs qu'il puisse être présenté aux habitants du 1er arrondissement, en Mairie du 1er, accompagné de l'exposition qui existe.
Ceci dit, je crois quand même qu'il faut relever, dans le rapport, une ambiguïté dans la mesure où le dossier fait figurer la somme de 70 millions de francs comme prix de l'aménagement global. Par ailleurs, en annexe, on le cite, le chiffre de 120 millions de francs est prévu. Nous savons que les 70 millions de francs, représentaient l'engagement pris sur ce mandat. Le Conseil municipal doit savoir clairement qu'il sera nécessaire d'engager les 120 millions de francs pour aller au bout de la réhabilitation du site.
Le deuxième point sur lequel nous nous interrogeons pour l'avenir ne porte pas sur la partie bâtiment du dossier mais sur le projet culturel lui-même. Je crois que ce projet culturel devra être discuté en concertation, de façon telle qu'il favorise effectivement l'émergence culturelle, et qu'il ne serve pas, seulement, à l'accueil de compagnies reconnues. Je pense que c'est un point qu'il sera important de vérifier, tous ensemble, dans l'accompagnement de ce projet.
M. DUMEZ Philippe : Monsieur le Maire, chers Collègues, dans la délibération du 6 juillet dernier, l'enveloppe budgétaire allouée à ce projet était fixée à 45 millions de francs. Aujourd'hui, vous la portez à 70 millions de francs, soit plus de 55 % d'augmentation et vous dites vous-même, dans votre rapport, que cette augmentation provient essentiellement des travaux de propriétaire sur le clos et le couvert. Or, sauf erreur de ma part, dans la délibération de juillet 1997, le troisième volet de la proposition de programme présenté et adopté lors de cette délibération précisait que ces travaux étaient évalués à 2.826.000 F. Peut-être ne comprenait-il pas tous les travaux envisagés aujourd'hui mais enfin, un chiffre avait été donné. Je ne peux donc qu'être assez surpris de l'augmentation très forte de cette enveloppe budgétaire globale.
Pour le reste, l'utilisation programmée de ce lieu n'est toujours pas assurée précisément, et le coût de fonctionnement qui résultera de l'augmentation de l'investissement initial me paraît très lourd et peut-être encore mal évalué à ce jour. Je pense qu'il faudrait quand même préciser les choses. D'autre part, ce soir, on parle d'un montant de 120 millions de francs, il faudrait clarifier, parce que je ne sais pas ce que cela signifie.
M. LE MAIRE : Sur cette question de l'augmentation du coût, c'est vrai qu'au départ, nous avions envisagé 45 millions puis, à la suite des études techniques réalisées et, en particulier, par le Cabinet qui étudie ce dossier, nous nous sommes rendus MM. Philip, Trouxe, Chabert et moi-même, aux Subsistances pour examiner les projets tels qu'ils ont été présentés et nous nous sommes arrêtés à la formule de 70 millions de francs. Nous avons accepté cette formule parce qu'il nous a été dit qu'avec ces dépenses, il était possible de faire fonctionner convenablement les Subsistances, étant entendu que l'on aurait pris toutes les précautions pour le couvert, car je crois que ce sont les toitures qui vont soulever la plus grande difficulté.
Il est vrai que si l'on voulait donner une utilisation complète, non seulement, à plein emploi, mais à suremploi des Subsistances, il faudrait 120 millions de francs, le chiffrage a été fait. Mais si nous nous sommes arrêtés à 70 millions, c'est parce que c'est un chiffre utile qui permet aux Subsistances de jouer le rôle que nous voulons lui donner. J'ajoute, enfin, que nous allons demander à M. Trouxe de nous faire un projet de charte avec le Directeur qui a été récemment nommé, de telle sorte que nous soyons au courant de l'utilisation du site, et en particulier que l'on tienne compte, comme vous l'avez souligné, des jeunes créateurs, des jeunes troupes et que ce ne soit pas simplement un outil mis à la disposition de troupes déjà reconnues.
Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées à la majorité.
(Le Groupe Lyon Fait Front - Front National s'est abstenu.)