EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 22/03/1999

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(Voir délibération)

 

99-3601 - Approbation du programme général et du budget de la célébration de l'An 2000 à Lyon (Secrétariat Général) (BMO du 07/03/1999, p. 340)

M. PHILIP Christian, rapporteur : Monsieur le Maire, l'An 2000 représente, à l'évidence, personne ne dira le contraire, une date d'une haute portée symbolique. Nécessairement, elle marquera l'imaginaire individuel et collectif et elle trouve en chacun d'entre nous un écho, car rares sont les hommes qui ont eu ou auront le privilège de vivre un tel passage, non seulement, d'un siècle à un autre, mais d'un millénaire à l'autre.

Comment donc ne pas marquer ce moment particulier dans notre ville, à la fois pour montrer notre volonté de promouvoir son image, son potentiel, son devenir, comme pour offrir aux Lyonnais quelques moments de fête vécus ensemble ?

"L'avenir à bras ouverts" avons-nous choisi comme mot d'ordre, comme devise de ces manifestations organisées en 2000, pour montrer que Lyon est une ville dynamique qui se donne les moyens de réussir, dans le prochain millénaire, une ville ouverte à tous, ouverte au dialogue, comme l'y invite notre tradition de cité solidaire forte d'une vraie tradition sociale, humaniste ou spirituelle. Lyon, vous le savez, n'a cessé de considérer son développement que par rapport à la rencontre des hommes. Son ouverture internationale, sa capacité d'innovation ont toujours été liées aux échanges. L'An 2000, nous le considérons, ainsi, avec confiance, avec ambition ; c'est pourquoi Lyon entrera, nous vous le proposons, dans le XXIe siècle "l'avenir à bras ouverts".

Pour marquer ce moment, vous avez souhaité Monsieur le Maire, que se constitue une Mission An 2000 confiée au Général de Peyrelongue dont chacun, dans cette Ville a salué l'action positive à la tête du Comité Français d'Organisation pendant la dernière Coupe du Monde de football.

Nous présentons, aujourd'hui, le programme préparé par la Mission An 2000, après que ce soit souvent réuni un Comité de pilotage d'élus, auquel beaucoup d'entre vous ont participé. Le programme ici présenté est, je crois, équilibré, mêlant manifestations culturelles, fêtes, ouverture internationale, manifestations destinées à montrer notre capacité créatrice, mais aussi moments plus simples ouverts à chacun.

Ce programme d'ensemble subira, à l'évidence, quelques modifications. Nous aurons l'occasion, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, d'approuver le contenu définitif de chaque opération quand il s'agira de voter une subvention ou de lancer un appel d'offres pour les actions le nécessitant.

Mais avant ces examens, au cas par cas, il est souhaitable d'avoir une vue d'ensemble et c'est l'objectif du rapport présenté maintenant. En particulier, je le signale dans le dossier qui vous a été présenté, nous attendons pour approbation définitive des précisions concernant des projets comme le Parc de la Langue française ou "les Lyonnais célèbres qui ont traversé le siècle" ou encore la couverture du budget global nécessaire pour que notre participation puisse intervenir à la promotion de la ville à travers le Vendée Globe Challenge. La date du 1er mai a été fixée comme date limite où nous attendons les projets définitifs pour pouvoir décider, dans un calendrier permettant ensuite de mettre en �uvre les actions retenues et ce, sans difficulté.

Ceci dit, sur ce programme et avant que chacun intervienne, avant que l'éloquence ne s'enflamme, disiez-vous, j'entends déjà des discours visant à critiquer, par avance, ce type de manifestations : "non, trop cher", me dit-on, "ringard", "manque de concertation". Permettez-moi de m'élever contre cette attitude qui manifeste d'abord une absence de confiance en nous-mêmes et en notre Ville.

Trop cher ? Nous consacrerons à la Mission An 2000, c'est ce qui vous est proposé ce soir, 45 millions de francs dont 7,5 millions de francs, au moins, seront couverts par des recettes de partenariat public ou privé, peut-être plus. A Paris, la seule fête du 31 décembre est, aujourd'hui, chiffrée à 60 millions de francs. A Marseille, la fête de Massilia en juin prochain est prévue pour coûter 15 millions de francs. Je ne dirai pas 35, 37 millions de francs, ce n'est pas une somme importante, mais elle prend place dans nos budgets 1999 et 2000 à la ligne "grands événements" consacrée en 1998 à la Coupe du Monde et à la CNUCED. Pendant deux ans, cette ligne "grands événements" est une ligne An 2000. Au total, l'effort n'est pas plus important que celui des années précédentes. Il correspond à ce que nous devons faire pour que notre Ville reçoive sans compter, si on prend en considération les retombées économiques des manifestations prévues depuis.

"Ringard", j'ai entendu cela aussi. Et, on l'a déjà entendu à propos du G7 et de la Coupe du Monde ! Je me permets de dire que, dans aucune autre ville, la mission nationale An 2000 n'a labellisé et ne soutient autant de projets : les deux Biennales, l'exposition sur la Langue française, Saint-Exupéry. Le principe de la fête du 31 décembre, tel qu'il est, a reçu de la part de Mme Trautmann un accord positif, car correspondant à l'idée qu'elle entend mettre en �uvre, du passage symbolique des portes de l'An 2000 et elle inscrira notre fête dans son programme. Cette même fête du 31 décembre, nous la devrons à des hommes comme MM. Desnoues ou Bosch dont on connaît, je crois, à Lyon le talent et le professionnalisme. Certes, l'objectif n'est pas de faire, à cette occasion, la création artistique du XXIe siècle, mais de rassembler le plus grand nombre, dans une fête populaire qui aura une grande qualité artistique et qui sera d'abord une fête ; nous gagnerons ce pari.

Sur le parc de la Langue française dont on dit aussi qu'il serait ringard, permettez-moi de vous renvoyer, c'est le hasard, à "l'Evénement", et à "l'Express" de cette semaine qui consacrent, tous les deux, au projet de M. Racine, chacun peut avoir son opinion, des propos et une critique plutôt positive (une page entière de l'Express pour "ce fou" de mots). Sur la langue française qui sera un thème fort, je crois que, réellement, nous pouvons arguer cette année : il y aura l'exposition dont j'ai déjà traité, il y aura le Congrès des Alliances Françaises. (Tous les Conseillers culturels dans toutes nos ambassades seront présents à Lyon à cette occasion). Cela va aussi jusqu'au prix littéraire prévu pour les plus jeunes auteurs, collégiens ou lycéens, en passant par d'autres manifestations. Je crois que là, sur ce thème de la Langue française, nous créerons, à Lyon, en 2000 l'événement. L'événement, il aura lieu aussi dans un an jour pour jour à la Foire de Lyon, avec le village international où toutes les cités qui ont un accord de coopération avec notre Ville viendront se présenter aux Lyonnais. L'événement, j'y faisais allusion, ce sera aussi, par exemple et je m'en tiendrai là, le 29 juin, Saint-Exupéry, une grande fête nationale qui aura lieu à Lyon.

"Manque de concertation", disais-je ? Il faut savoir entendre, il faut savoir ensuite décider. L'efficacité impose de choisir et cela a été la mission difficile confiée au Général de Peyrelongue. Permettez-moi d'ajouter que ce dernier et cela a été son idée, a voulu inscrire au programme des projets proposés par des Lyonnais. C'est pourquoi, en dehors des initiatives institutionnelles, 20 projets sont inscrits à ce jour à notre programme et plusieurs de ces projets sont arrivés auprès de la Mission, de manière tout à fait spontanée, grâce à un téléphone vert qui a connu un grand succès, preuve aussi de l'attente des Lyonnais sur ces manifestations de l'An 2000.

Ce seront d'ailleurs les Lyonnais qui feront ou pas le succès des manifestations de l'An 2000. Je crois que nous pouvons regarder ce moment avec optimisme et confiance. Collectivement, il était normal que notre Ville propose à ses citoyens de marquer, ensemble, cette entrée dans le troisième millénaire. Profitons de ces instants pour célébrer notre Ville pour montrer aussi notre confiance aussi en son avenir, "L'avenir à bras ouverts", c'est aussi cela !

Que l'an 2000, Monsieur le Maire, au delà du programme que nous présentons ce soir, si on en reste à la période des v�ux, soit une belle année pour Lyon ! Le programme y contribuera, mais, heureusement, pas seul. Lyon en 2000, ce seront, aussi et tout autant, les équipements nouveaux mis en chantier et dont nous avons, ensemble, ici, permis leur réalisation, et dont nous parlons, pas plus tard que ce soir, à chaque Conseil municipal. Lyon en 2000, ce seront aussi, je l'espère, des activités économiques marquées par une croissance plus forte, donc un chômage, enfin moins important. Lyon en 2000, ce sera aussi des créations artistiques sur nos différentes scènes, ce pourrait être pour les amateurs de sport un titre pour l'Olympique Lyonnais.

Lyon An 2000, ce sera aussi la confirmation d'une ville qui entend se développer pour assurer le succès collectif et individuel de ses habitants. Le programme de la Mission An 2000 participera à cet objectif. Je crois qu'il nous appartient de faire sa promotion pour Lyon.

M. COLLOMB Gérard, Maire du 9e arrondissement : Et nous n'avons pas parlé de 2001 !

M. PHILIP Christian, Premier Adjoint : Cela est une autre échéance !

M. LE MAIRE : M. le Premier Adjoint a présenté avec ardeur la défense et l'illustration du programme de célébration de l'An 2000. Je dirai que j'admire votre ingénuité, Monsieur Philip, parce que, quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, les groupuscules se répandront pour expliquer que c'est insuffisant, que cela coûte trop cher, et que c'est "ringard" ! Et ensuite, quand tout sera fini, les mêmes groupuscules diront que c'était insuffisant, que ce n'était pas mal. Nous avons connu cela à diverses reprises : en France, c'est comme cela ! Nous l'avons connu pour le Mondial. Donc, le plus simple, c'est de laisser dire !

Alors, bien entendu, avec flamme, vous nous expliquez ce que sera l'An 2000 : tant mieux ! Puisse la Providence nous exaucer sur ce point !

(Rires.)

Puisque nous sommes, aujourd'hui, sous l'angle de la protection divine : que la Providence nous exauce et vous allez voir qu'à la fin, tout le monde sera content ! Maintenant, je donne la parole aux divers intervenants inscrits pour le débat.

M. HUGUET Patrick, Adjoint : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, le rapport que vous nous présentez aujourd'hui, concerne l'approbation du programme général et du budget de la célébration de l'An 2000. Lyon se doit de fêter dignement cet événement, dont tous nos concitoyens ont, un jour, rêvé.

A ce titre, vous avez mis en place une mission de réflexion chargée d'élaborer un projet. Celui-ci arrive à terme et il nous est présenté aujourd'hui.

Le budget alloué à cet événement, partagé par diverses collectivités, peut paraître important, mais il doit être à la hauteur de l'événement.

Nous nous félicitons du thème fédérateur choisi "Lyon 2000, l'avenir à bras ouverts" qui permettra de donner de la cohérence à l'ensemble des manifestations.

Néanmoins, la Commission Administration générale avait souhaité et nous partageons ce souhait, que chaque opération individualisée, fasse l'objet d'une acceptation en Conseil municipal. Nous savons que chaque appel d'offres et chaque subvention, doivent être validés par notre Assemblée, mais nous préférons que cela soit dit.

Le passage individualisé de chaque manifestation, permettra le débat qui semble nécessaire, notamment pour les opérations "Vendée Globe" et "Parc de la Langue française" qui n'ont pas reçu l'assentiment de tous les membres de la Commission.

Nous attirons, enfin, votre attention sur le montant des dépenses engagées, à savoir 45 millions de francs pour la seule Ville de Lyon, montant que nous souhaitons ne pas voir dépasser.

Nous donnerons donc un avis globalement favorable au principe de ces manifestations, mais nous serons attentifs à l'examen détaillé de chacun de ces projets lorsqu'ils arriveront devant notre Assemblée.

M. PHILIP Christian: Dans mon intervention, j'ai dit, clairement, ce qui est la règle : lorsque telle ou telle opération donnera lieu à appel d'offres ou à subvention, nous les retrouverons, au fil de nos prochaines séances, au cours des prochaines semaines ou même des prochains mois, étant entendu que plusieurs opérations sont prévues au budget 2000 et donc ne seront pas présentées en 1999.

M. BIDEAU Alain, Adjoint : Permettez au Président de la Commission d'Appel d'Offres, de dire deux choses. On aurait évité l'intervention de M. Huguet et la réponse de M. Philip, si, lorsque je préside la Commission générale et que l'ensemble des membres de la Commission, toutes tendances confondues, se mettent d'accord sur un libellé, votre Cabinet, Monsieur le Maire, modifie finalement la rédaction des rapports, sans nous prévenir, y compris le Président de la Commission d'Appel d'Offres...

Je crois qu'il faudrait peut-être que vous puissiez veiller à ce que les modifications, alors qu'elles ont été votées à l'unanimité, se retrouvent dans la rédaction des délibérations, cela nous éviterait ce type de quiproquo.

(Bruits divers.)

M. LE MAIRE : Mais, Monsieur Bideau, je les gronderai ! Vous avez raison de m'indiquer cela ! Cela m'étonne, parce que d'habitude, ils ne prennent pas de telles licences !

(Sourires.)

S'ils l'ont fait, on les ramènera dans le droit chemin...

(Sourires.)

... et cela fera des interventions en moins, alors, vous imaginez si j'en suis partisan !

(Rires.)

M. FRONT Guy : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, je ferai court et simple, sur un rapport qui, vous l'avez deviné, suscite de notre part, beaucoup plus d'interrogations que d'enthousiasme.

Interrogation sur le coût, c'est vrai, mais je dois reconnaître que je ne dispose pas des éléments qui me permettraient, aujourd'hui, d'émettre un avis pertinent sur ce sujet. Quoi que l'on sait bien qu'il y a déjà des initiatives qui sont évaluées et dont le prix apparaît assez cher, sinon prohibitif.

Interrogation sur la méthode : c'est vrai que la méthode de travail a été critiquée. Vous avez confié, nous avons confié, à un Commissariat général, des fonctions qui étaient assez difficiles. Missions assez difficiles à mettre en �uvre : le Commissariat général devait avoir le souci de la recherche du sens de cette manifestation, de l'élaboration d'un contenu et de l'organisation.

Comme il ne s'agit pas de l'organisation de la Coupe du Monde de Football, ni d'un 14 juillet ordinaire, il semble bien avoir eu du mal à assumer toutes ces fonctions.

Interrogation sur le contenu : alors, "ringard", oui et non ! Votre projet a pris la précaution de s'installer dans la durée -il va durer plus d'un an- et de s'appuyer sur des valeurs qui sont des valeurs sûres : le 8 décembre, le 14 juillet, la Biennale d'Art Contemporain, la Biennale de la Danse, la Fête de la Musique, la Foire ; autant de valeurs qui sont affirmées et qui sont admises par les Lyonnais.

Mais, il faut bien noter que ce qui marquera le plus, ce seront sans doute, les initiatives qui se dérouleront dans la période de renouvellement de l'année et c'est pour cela, hors les valeurs sûres, que votre projet semble manquer d'ambition, de souffle, et suscite les critiques.

J'ai, en mémoire, l'intervention qu'avait faite Hubert Julien-Laferrière, en octobre de l'année dernière, qui suggérait quelques orientations qui ne me semblent pas apparaître dans le projet. Il s'agissait, je crois, d'allier le professionnalisme, la proximité et les Lyonnais, dans un mouvement inter-actif et porteur d'innovations.

Nous partageons, pour notre part, le point de vue exprimé alors, mais cette vision avait plusieurs conséquences dans sa mise en �uvre.

Première conséquence : il fallait d'abord avoir une vision non dirigiste de l'organisation ; il ne s'agit pas, je le rappelle d'une commémoration, mais d'une célébration. Une fête, si fête il doit y avoir, ne sera une fête que pour autant qu'elle aura une part de spontanéité, de liberté, d'initiatives, de proximité et d'engagements volontaires.

Deuxième conséquence : il s'agissait, à mon avis, d'inviter les professionnels et les créateurs, à créer librement, dans un échange fructueux, avec tous ceux qui ont envie de s'investir dans cette célébration.

Enfin, troisième conséquence : je crois que c'était l'ambition de faire de cette célébration, un mouvement de fête pour tous et avec tous.

J'insiste sur ce point. Nous avons, me semble-t-il, beaucoup à travailler dans ce domaine dans deux directions : travailler d'abord, en intégrant une réflexion sociale à votre programmation et ensuite en réfléchissant à la décentralisation des moyens, des programmes et des initiatives au niveau des arrondissements.

Notre sentiment général, sur ce projet, est qu'il est non pas "ringard", mais sans doute un peu trop conventionnel par certains aspects, certains ont dit incongru, par certains côtés, trop onéreux pour des prestations éphémères, qu'il manque peut-être, par certains aspects, d'imagination, de souffle et de concertation, c'est vrai.

En tout cas, pour l'instant, il ne réussit pas tout à fait à mobiliser, c'est sans doute la raison pour laquelle il a du mal à se mettre en place.

Que l'on s'entende bien, il ne s'agit pas, pour nous, de contester le rôle que la Collectivité peut jouer pour faciliter, coordonner, aider, susciter, mais de grâce, gardons-nous, même involontairement, de trop vouloir gérer la fête.

M. DUMEZ Philippe : Monsieur le Maire, chers Collègues, sur le principe même de la célébration de l'an 2000 et l'organisation de manifestations, nous avons déjà eu l'occasion de vous dire nos réserves dans le type de procédure que vous souhaitiez mettre en �uvre pour cet événement.

Le thème retenu, et que vous nous présentez "Lyon 2000, l'avenir à bras ouverts", me fait un peu penser au slogan qu'avait tenu le candidat Chirac en 1995, qui disait "Vivement demain".

M. LE MAIRE : Je ne vois pas le rapport. Simplement on ouvre les bras !

(Sourires.)

M. DUMEZ Philippe : Tout à fait, Monsieur le Maire. Mais cela me fait penser à ce slogan.

M. LE MAIRE : Oui, mais c'est une curieuse association d'idées !

M. DUMEZ Philippe : Curieux, si vous voulez, mais c'est à quoi cela me fait penser. Je vous en fait part.

M. LE MAIRE : Je respecte votre intervention.

M. DUMEZ Philippe : Je vous en remercie. Simplement, ceux qui ont cru à ce slogan, à l'époque, ont beaucoup déchanté. Je ne suis pas pessimiste de nature, mais il est vrai que ce thème me semble manquer de force et, spécifiquement pour la Ville de Lyon, qui peut certainement trouver quelque chose de plus audacieux.

Dans le programme que vous nous proposez ce soir, vous prévoyez, notamment, quelques fêtes comme l'a dit d'ailleurs, l'intervenant précédent, M. Front étant entendu que les dates retenues, manifestement, correspondent à des événements que nous n'avons pas l'habitude d'oublier ! Dans les manifestations culturelles que vous nous proposez, il en ressort de bien politiquement correctes. Quand je lis dans votre rapport que "l'idée de l'égalité des cultures fait son chemin", je crois que tout cela est très intéressant, c'est bien pensé, mais je crois pouvoir affirmer que c'est surtout les différences des cultures qui font leur intérêt.

Seul, le thème de la Biennale de la Danse, comme par hasard, alors qu'il ressortait du programme national et qu'il a trait aux Routes de la soie semble coller à la réalité lyonnaise, mais faut-il voir là un hasard. Je crois qu'il pourrait être heureux, en tout cas.

Troisième type de manifestations : ce sont les manifestations diverses, notamment le Forum national des Associations. Je ne sais pas ce que cela a de spécifique dans le cadre de ces manifestations liées à l'An 2000. Vous prévoyez, en revanche, de mettre en avant un certain nombre de grands Lyonnais. Je crois que c'est une bonne idée. Des grands Lyonnais, des grands Français en général, voire des étrangers, pourquoi pas, mais je crois qu'il est si peu fait de place pour eux, dans ce programme, alors qu'ils sont manifestement la fierté de notre Ville, la grandeur d'une histoire et qu'ils sont, hélas, si souvent méconnus.

En définitive, dans ces manifestations, ne ressort pas le nécessaire enracinement du peuple lyonnais et de France, gage d'une force culturelle renouvelée et proposition de repères véritables, tangibles, notamment pour nos petits et nos adolescents.

Alors, ce projet, je vous le disais, politiquement très correct, ne nous satisfait que très peu. Osez déranger, Monsieur le Maire, osez mettre en place quelque chose qui bouge !

Pour autant cela ne serait rien, si vous n'affectiez pas 45 millions de francs pour ce projet, car en effet, je dois le dire, c'est, manifestement, démesuré et, ce ne sont pas les comparaisons que nous fait M. Philip qui sont là pour me rassurer. C'est très démesuré, c'est, voire même, quelque peu indécent dans les conditions actuelles, car en effet, si vous souhaitiez disposer de fonds pour aider les Lyonnais, je crois qu'il y aurait beaucoup de choses que l'on pourrait faire avec cette somme. Si vraiment, vous manquiez d'idées et bien, nous en avons débattu tout à l'heure, vous pourriez initier une baisse de la pression fiscale de notre Ville et, avec ce montant, très certainement abaisser les taux des taxes directes locales de plus de 3 %.

M. LE MAIRE : Monsieur Dumez, vous êtes curieux, vous pratiquez, après les associations singulières, des amalgames auxquels on ne s'attend pas. De l'an 2000 à la baisse des impôts, tout y est. Au fait, je me demandais, si vous ne vouliez pas nous proposer, à la place de "l'avenir à bras ouverts", "aventi". Ce serait merveilleux !

(Rires.)

M. DUMEZ Philippe : Je peux vous proposer "Mégret, l'avenir", Monsieur le Maire !

(Rires.)

M. LE MAIRE : Pardon ?

M. SOULIER André, Adjoint : M. Gollnisch n'est pas là, M. Dumez profite de son absence.

M. LE MAIRE : Je ne suis pas sûr que beaucoup de Lyonnais comprennent.

(Rires.)

M. Gollnisch, cela se comprendrait mieux peut-être à Lyon, c'est plus connu, ceci dit, n'entrons pas dans les affaires intérieures des Groupes.

(Rires.)

M. TEODORI Ange-Marie : Monsieur le Maire, chers Collègues, il semble qu'un mal étrange s'installe dans notre Ville à chaque moment où celle-ci décide de mettre en place des festivités qui prétendent à une dimension nationale ou internationale et qui, jusqu'à ce jour, n'ont pas tellement atteint le but recherché.

Dans un récent passé, il nous a été démontré par exemple, que le concert du G7 a été loin de méduser les foules et n'a, en fait, apporté que réserves et critiques dans la presse locale comme nationale.

Et pourtant, cela a coûté fort cher. Peu de temps après, des médias spécialisés nous n'inventons rien, ont classé notre Ville à une place peu enviable en matière d'animations lors de la Coupe du monde et, là encore, cela avait coûté fort cher et le bilan n'a toujours pas été présenté, ici, malgré nos demandes réitérées.

Malgré tous ces constats, l'autosatisfaction a souvent prévalu. Nous arrivons maintenant, aux fêtes de l'an 2000 et à 9 mois de la manifestation du 31 décembre, l'édifice semble vaciller, des acteurs désignés restent dans les "starting blocks", on a l'impression qu'il y a un faux départ.

A notre avis, nous avons l'intime conviction que tant que notre cité se contentera de faire "phosphorer" des personnes, de bonne volonté, certes et de qualité, mais dont le métier n'est pas le spectacle, nous côtoierons soit la catastrophe, soit une certaine médiocrité, soit la monstration amateuriste, soit le déjà vu.

Tant qu'il n'aura pas été admis que les prises de risques en matière de spectacle de grandes dimensions doivent se faire sur le talent, sur la créativité et les idées des concepteurs de métier, la réussite et le retentissement médiatique ne seront pas au rendez-vous.

Ces concepteurs de grands spectacles en mouvement dans la Ville pourtant, existent.

Sans l'appel à Jean-Paul Goude, Paris et les téléspectateurs du monde n'auraient pas connu le fabuleux défilé commémorant le bicentenaire de la Révolution française. Vous savez que c'est très cher.

Lorsque les élus et les responsables sportifs des jeux d'Albertville ont appelé et fait confiance au jeune et talentueux Philippe Découflé, là encore, le monde s'est émerveillé devant la cérémonie d'ouverture.

Lorsque les élus de Genève ont sollicité Peter Greenway qui a transformé la Ville en un immense plateau de cinéma et provoqué un succès médiatique, la population et la Ville ont pu mesurer, ensuite, les effets bénéfiques.

En dehors d'un effet de hasard, il faut que nos responsables admettent, enfin, qu'aussi qualifiés qu'ils puissent être dans leurs métiers respectifs, les organisateurs de nos festivités ne pourront jamais se substituer aux créateurs, aux metteurs en scène ou en espace, aux concepteurs. A chacun son métier !

Il faut aussi comprendre que pour magnifier l'An 2000, notre Ville se devait de mettre en place, deux ans avant les productions, une cellule qui aurait adressé des appels d'offres aux concepteurs nationaux, aux créateurs lyonnais (parce qu'il y en a) dans le but de recueillir, en temps voulu, les propositions, les concepts, les idées, les disponibilités afin de pouvoir ensuite les étudier, les analyser dans le cadre d'une commission composée d'élus, de représentants du tissu culturel lyonnais, de représentants du tissu associatif et de conseillers techniques dont notre Ville dispose.

De nombreux acteurs culturels de notre Ville (et non des moindres) s'émeuvent et marquent leur inquiétude face à une rétention de l'information, c'est eux qui le disent, face aux tardives consultations (quand il y en a).

Nous avons pris connaissance du point de vue de M. Bernard Têtu et nous le comprenons et nous l'approuvons. Ce point de vue reflète, à notre sens, ce que nous pouvons craindre pour la suite des événements et malheureusement nous conforte dans nos réserves.

En matière de budget, nous serons vigilants face à une enveloppe qui nous semble disproportionnée par rapport à ce qui est proposé dans ces festivités.

Nous espérons que l'artistique en percevra la meilleure part mais là, encore, nous avons des doutes surtout si l'on veut bien se souvenir des déclarations faites à la presse sur le sujet par Harold Zemann, talentueux commissaire de la dernière Biennale d'Art Contemporain.

Avant de conclure nous émettrons des voeux pour que la jeunesse de notre Ville puisse voir mettre en avant, voir privilégier les disciplines des pratiques culturelles émergentes car elles sont les formes d'expression qui demain seront perçues par tous.

Nous rêvons, aussi, sur la mise en place d'un collectif de jeune théâtre de la rue qui saurait nous parler de ce futur An 2000.

C'est après avoir analysé, en commun, les paramètres que je viens de vous énoncer, Monsieur le Maire, que notre Groupe a décidé de voter contre le projet qui nous est proposé ce soir.

M. CHABERT Henry, Adjoint : Je vous remercie, Monsieur le Maire, de me donner la parole puisque je suis le représentant, M. Maréchal en ayant souhaité ainsi, du dernier groupuscule qui avance à visage découvert dans ce débat !

(Sourires.)

Je voudrais aborder.....

M. LE MAIRE : Avant de se replier à visage découvert !

(Rires.)

M. CHABERT Henry : Absolument. Sur un certain nombre de points, vous avez raison de le souligner.

M. COLLOMB Gérard : Monsieur le Maire vous êtes en grande forme !

(Rires.)

M. CHABERT Henry : On peut arrêter la discussion. En définitive si on sait par avance quels sont à la fois le contenu de la pièce et sa fin, après tout, on peut clore là, la Comédie humaine de ce Conseil !

M. SOULIER André, Adjoint : Cela va être drôle l'An 2000 !

M. CHABERT Henry : Ou le Conseil est un lieu de débats et on peut dire les choses ou c'est une représentation et on est ridiculisé ! A ce moment-là autant ne pas perdre son temps et rester chez soi !

Plusieurs voix : Non, non !

M. CHABERT Henry : Ce qui n'est naturellement pas le cas et ce qui me permet donc de poursuivre.

M. LE MAIRE : On peut rire un peu, nous en avons besoin.

M. CHABERT Henry : Monsieur le Maire c'est plus que souhaitable.

Deux mots simplement sur le fond et sur la forme et je serai extrêmement bref.

D'abord en ce qui concerne le fond : on peut remarquer que la proposition qui nous est faite recouvre un certain nombre de manifestations, effectivement, déjà largement établies dans la Ville et qui se trouvent conjuguées dans une même année alors qu'elles se déroulent habituellement en alternance. Il s'agit de la Biennale d'Art Contemporain et de la Biennale de la Danse dont on sait qu'elles sont des valeurs sûres. Le fait qu'elles soient conjuguées en l'An 2000 et la même année semble indiquer que des subventions supplémentaires de la part de l'Etat pourront compléter les financements de ces deux Biennales et on ne peut que s'en réjouir. On fait confiance, de ce point de vue, aux animateurs de ces deux Biennales pour en assurer le succès au cours de l'An 2000.

On parlait, tout à l'heure, de la qualité des intervenants. Je pense qu'en ce qui concerne le défilé de la Biennale on peut être assuré de la réussite de celui-ci sous réserve, naturellement, que la Maison de la Danse puisse le produire dans de bonnes conditions. Pour ce qui est de la Biennale de l'Art le fait même de l'augmentation des subventions devrait permettre d'assurer une pérennité, peut-être à travers certaines créations installées ici à Lyon.

L'autre élément naturellement très positif c'est le fait de vouloir mettre en valeur, de manière particulière, à l'occasion de l'An 2000 les festivités traditionnelles. C'est une manière, au fond, d'inviter les Lyonnais, à travers ces manifestations, dont ils ont l'habitude, à célébrer de manière un peu plus particulière, un peu plus festive, un peu plus forte et plus marquée l'ensemble des fêtes qu'il s'agisse du 31 décembre, du 21 juin, du 14 juillet ou du 8 décembre.

Reste un certain nombre d'autres manifestations. Certaines d'entre elles vont dans le sens de ce que souhaite la France, en général, à travers la mise en valeur de la francophonie. Que Lyon s'associe à la célébration de la francophonie nous paraît une excellente chose.

Je voudrais d'ailleurs, de ce point de vue, dire un mot à propos du parc de la Langue française. C'est un des points sur lesquels nous avions eu l'occasion de manifester quelques inquiétudes et je n'enlève rien à celles-ci même si "l'Evénement" ou telle ou telle grande revue nationale peut parler de Racine qui est un auteur de talent et de qualité, qui fait partie de ces auteurs ou de ces artistes qui donnent dans l'obsessionnel. C'est une forme d'expression, actuellement, en vogue et, par conséquent, on peut la reconnaître comme on peut en reconnaître beaucoup d'autres.

Je connais trop, par ailleurs, M. Vernet Carron, à l'origine de cette proposition, pour savoir qu'il a du talent. Après avoir inscrit son talent dans la participation qu'il a faite, par exemple, pour la mise en oeuvre des parkings de la Ville de Lyon et l'adoption d'oeuvres d'art pour ces parkings, il saura, là aussi, faire les bons choix.

Si nous avons émis des réserves, c'est, simplement, par rapport au coût global que représente cette opération. 12 millions de francs ce n'est pas une mince somme avec une participation de la Ville aujourd'hui limitée à 1 million de francs et l'on peut parfaitement admettre ce montant. Mais il ne faudrait pas qu'elle soit un engagement, à long terme, dans la poursuite, notamment, du fait que cette installation, non seulement, est coûteuse en soi mais qu'elle sera forcément coûteuse également en entretien. C'est donc simplement l'expression, à travers le choix de cette opération, d'un certain nombre d'inquiétudes sinon de réserves et je crois que l'expérience qui avait été faite à l'occasion du G7 montre que cette opération a un intérêt. Cet intérêt sera-t-il aussi fort et aussi grand dans la prise en compte de l'ensemble du dictionnaire ? La question reste posée.

Nous avons émis aussi beaucoup de réserves sur l'opération "Vendée Globe". Vous savez, Monsieur le Maire, nous avons eu l'occasion de le dire parce que l'on ne perçoit pas très bien ni le sens, ni l'intérêt de cette opération spécifiquement "Vendée Globe" qui représente tout de même une participation de l'ordre de 4 millions de francs ce qui est considérable si l'on rapproche cette participation -je pense au budget de M. Maréchal par exemple- de l'animation pour l'ensemble de l'année ? de l'ordre de 3,5 millions de francs pour l'ensemble des manifestations et du soutien à tous les clubs de quartiers.

On peut, là aussi, s'interroger sur ce montant. De même sur le montant de la Fête du 31 décembre qui, pour les mêmes raisons, peut donner lieu à une appréciation critique.

Voilà les remarques que nous avons formulées. Sur la forme, j'ai eu l'occasion d'émettre une réserve, puisque cela a été dit au départ, il s'agit d'entendre et de décider et non l'inverse. Lorsqu'un certain nombre de points a été soulevé, d'ailleurs de manière conforme à ce qui a été décidé de vous proposer par l'intermédiaire de la Commission générale ayant examiné le dossier, vous nous avez donné, sur ce point, satisfaction à la fois sur la volonté et la décision de bien représenter chacune de ces opérations -c'est en tout cas ce que j'ai compris- au Conseil municipal et donc de pouvoir, sur chacune d'entre elles, se prononcer au fur et à mesure que les choses avanceront.

C'est une position de sagesse, ce qui, du coup, fait tomber la fin du paragraphe de cette délibération et ce qui nous permettra, même si c'est de manière courte et avec humour, de revenir sur l'ensemble des dossiers présentés.

M. LE MAIRE : En ce qui concerne le "Vendée Globe" et le Parc de la langue française, c'est au mois de mai que la décision sera prise en fonction du dossier et des financements prévus. Cela a été dit en Conseil restreint et je l'ai d'ailleurs confirmé.

Nous avons passé en revue toutes les interventions, nous pouvons donc procéder au vote. Vous verrez que tout le monde sera content en l'An 2001 !

Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées à la majorité.

(Les Groupes Socialiste, Radical de Gauche et apparentés, Communiste, Lyon Fait Front - Front National, M. Buna ont voté contre. Le Groupe GAEC, MM. Gariazzo et de Lavernée se sont abstenus.)