EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 18/09/2000
(Retour au sommaire de la séance du 18/09/2000) (Voir délibération)2000-5693 - Convention d'objectifs avec le Théâtre Tête d'Or (Direction des Affaires Culturelles - Spectacle Vivant) (BMO du 10/09/2000, p. 1603)
M. TROUXE Aimé-Denis, rapporteur : Je ne parlerai que de la convention artistique qui a été établie avec ce théâtre privé et je soulignerai que, chaque année, avant l'établissement de la programmation, une séance de travail sélectionnera les compagnies théâtrales que nous souhaitons soutenir et qui viendront s'ajouter à la programmation du théâtre de la Tête d'Or.
Cette disposition s'intègrera dans la politique que nous poursuivons de l'encouragement à la création. Ceci est une mesure nouvelle. J'ajoute, également, qu'il y aura l'accueil du Théâtre des Célestins pendant les travaux qui dureront 18 mois à peu près, également, la programmation des spectacles "jeunes publics" à tarif privilégié et l'accueil de groupes de théâtre et de collèges. Toutes ces dispositions que nous avons négociées, représentent des compensations appréciables.
Je signale un autre point sur lequel je voudrais insister, c'est celui concernant l'intégration de ce théâtre, d'une façon, plus claire, dans le nouveau paysage de l'offre théâtrale globale dans notre Ville. Le travail de réflexion que nous avons mené avec la Commission des Affaires culturelles, à propos des nouvelles missions du Théâtre des Célestins, s'est efforcé de prendre en compte les missions respectives actuelles ou à venir, de chaque établissement. Ainsi, le Théâtre Tête d'Or et plus encore, par exemple, la Bourse du Travail, avec ses 2.000 places, devraient apporter toute satisfaction à ceux qui souhaitent assister à des pièces grand public, ayant largement rôdé leur succès à Paris, par exemple.
Nombreux étaient les Lyonnais qui ne pouvaient obtenir des places : je pense que l'offre ainsi augmentée va le permettre maintenant. L'adoption de cette politique théâtrale dans notre Ville engendre deux grandes conséquences :
Premièrement, nous facilitons, concrètement, l'accès au théâtre pour le plus grand nombre, puisque nous augmentons le nombre de places.
Deuxièmement, nous clarifions les missions de chaque théâtre, dans un contexte plus étoffé où nous ne demandons plus, à un seul théâtre, de tout faire sur sa scène. Certains devront, par exemple, se concentrer sur le rayonnement artistique national et international de notre Ville, comme l'Opéra, l'Orchestre ou la Maison de la Danse ont su le faire.
Il est logique que cette nouvelle façon d'envisager l'offre théâtrale de notre Ville modifiera les flux de fréquentation des établissements, en plus ou en moins, pour former, dans son ensemble et à la fin, un accroissement global du nombre de spectateurs. Le théâtre Tête d'Or tiendra son rôle dans ce nouveau contexte.
M. SUCHEL Jean-Bernard : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, le 3 juillet 2000, notre Conseil municipal adoptait, lors de sa séance, une délibération pour la mise à disposition de la salle de la Cigale à Mme Bœuf, entrepreneur de spectacles. La Commission des Affaires culturelles nous soumet, aujourd'hui, une convention d'objectifs avec le théâtre Tête d'Or.
En préambule, nous tenons à réaffirmer que notre intervention vise la façon dont a été traité ce dossier. Il ne s'agit pas, pour nous, de remettre en cause les spectacles proposés par Mme Bœuf, qui ont leur place à Lyon. Il s'agit pour nous, de signifier que la gestion de ce dossier, ne nous satisfait pas.
Effectivement, il s'agit là, à nouveau, d'un dossier qui pose problème. Nous ne reviendrons pas sur la durée du bail, d'une salle municipale, de 52 ans, à un entrepreneur de spectacles avec une gratuité de loyer durant 20 ans.
Mais, nous aimerions revenir sur le contenu de cette convention qui nous est proposée :
D'abord, elle est signée pour une durée de cinq ans, engageant, ainsi, la future équipe municipale, sans possibilité d'intervention de celle-ci sur la politique culturelle d'une salle appartenant à la municipalité, durant une partie importante du prochain mandat.
Ensuite, cette convention précise que la municipalité s'engage à verser un minimum de 200.000 F par an de subventions, dès la première année. Or, c'est le montant du loyer qui sera versé annuellement par l'entrepreneur à partir de la vingtième année.
D'une certaine façon, on demande à la collectivité de payer la redevance due à la collectivité par un utilisateur de salle municipale. Rappelons, simplement, que les organisateurs de théâtre de boulevard viennent en tournée monter des représentations à la Bourse du Travail, notamment, et qu'ils ne nous demandent rien.
Enfin, les obligations faites à l'entrepreneur, sont plus qu'évasives. En effet, il lui est demandé d'accueillir des compagnies théâtrales pour la présentation d'au moins un spectacle. Il n'est pas précisé, si c'est par an ou durant la période de validité de la convention, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et, éventuellement, la porte fermée à l'accueil optimum des compagnies intéressées par ce lieu.
Au delà de cette convention, à la dernière Commission Finances et Programmation, est apparue une nouvelle facette de ce dossier. Il va nous être demandé, lors de la prochaine séance du Conseil municipal du 23 octobre, d'accorder une garantie à hauteur de 50 %, au théâtre Tête d'Or, pour un emprunt d'un montant de 2 millions de francs.
Généralement, quand nous accordons une garantie, c'est que nous pouvons préserver l'intérêt de la collectivité, en récupérant le bien pour lequel l'emprunt a été effectué, en cas de défaillance de l'emprunteur. Or, en ce cas d'espèce, c'est notre collectivité qui est propriétaire de ce bien ! Situation ubuesque, car en cas de défaillance de l'entrepreneur, ce que nous ne lui souhaitons évidemment pas, nous pourrions être amenés, par exemple, à devoir vendre la salle de la Cigale pour faire face à notre garantie !
Monsieur le Maire, mes chers Collègues, pour l'instant, nous avons eu le droit à deux délibérations, bientôt une troisième, sur un même sujet, traité par trois commissions différentes. Cela n'est pas choquant en tant que tel, mais, si nous rapprochons ces trois délibérations, il est légitime que nous nous demandions si, dans ce cas précis, nous ne sommes pas face à un contrat exorbitant du droit commun, c'est-à-dire qui mette en place des clauses qui dérogent à ce droit commun.
Une seule raison expliquerait une telle démesure : l'intérêt majeur de notre collectivité. Alors, que l'on nous explique, ce soir, quel est cet intérêt majeur, quelle est la raison qui fait que notre collectivité prenne autant de risques.
En dehors de ces explications, nous serions amenés à nous abstenir sur ce dossier.
M. CHAVENT Jean-Marc, Adjoint : Je ne répondrai pas sur la nature de la convention, c'est mon Collègue Trouxe qui le fera, je parlerai du dossier.
C'est quand même bizarre, subitement, que la Salle de la Cigale intéresse beaucoup de monde, alors que, pendant des années, tout le monde s'en est complètement fichu ! Elle a été fermée un an et demi et personne ne nous a rien réclamé, ni les associations, ni, bien sûr, notre Opposition municipale. Et puis, on trouve une bonne solution pour la Cigale : on savait que Mme Bœuf était obligée de s'en aller et on a estimé que c'était le moment ou jamais, de l'installer correctement dans le 3e arrondissement et dans un lieu mythique où cette salle qui est belle en elle-même, permettra de redonner un petit peu d'activité culturelle, de dynamiser un petit peu cet endroit. Et bien, c'est à ce moment-là, que l'on nous dit que ce dossier est mal monté, qu'il a été mal fait...
Monsieur Suchel, vous auriez dû vous pencher un petit peu plus sur le dossier. Cela fait trois ans que nous l'étudions. Croyez-moi, nous avons pris toutes les précautions, y compris avec les services juridiques, bien évidemment. Ne faites surtout pas croire, qu'il y a eu un montage avec une idée en arrière-pensée ! C'est bien votre façon de réagir, en tout cas, ce n'est pas ma façon de faire et pas notre façon de faire !
Je peux vous garantir, Monsieur le Maire, que les Lyonnais pourront apprécier, lorsque nous pourrons rouvrir ce théâtre, un théâtre privé, avec une convention qui permettra, justement, à des troupes amateurs, de venir s'exprimer dans cette salle, mais cela, je laisserai encore une fois, la réponse à mon Collègue Trouxe.
Nous pouvons, rassurez-vous, terminer ce dossier, revoter, bien évidemment, une garantie d'emprunt, puisqu'elle est nécessaire, pour que Mme Bœuf obtienne ses crédits. Je rappelle simplement que Mme Bœuf investit 12 millions de francs dans cette salle et elle le fait pour le compte du propriétaire, bien évidemment. Je crois qu'à ce titre-là, on peut la remercier et nous, nous pouvons nous féliciter d'avoir eu un bon dossier.
M. SOULIER André, Adjoint : Bravo, Monsieur Chavent !
Mme ROURE Martine : Si vous êtes aussi agressif, c'est qu'il y a un problème !
M. TROUXE Aimé-Denis, Adjoint : J'ai déjà dit pas mal de choses dans ma présentation qui répondent en partie à M. Suchel, en particulier, concernant la sélection des compagnies, il est évident, cela va de soi, que ce n'est pas pour 4 ans et encore moins pour 52 ans. On va sélectionner une jeune compagnie chaque année. N'oubliez pas qu'il y a une subvention modeste, mais qui accompagne ce dossier et il faudra qu'elle soit justifiée.
Les Commissions culturelles qui se réuniront plus tard travailleront sur ce dossier et envisageront, avec Mme Boeuf quelles sont les Compagnies qui doivent aller chez elle.
Je crois que là, il n'y a pas de piège, il n'y a pas de problème, c'est une affaire classique. La discussion avec un Directeur artistique, ou un Directeur de salle qui, justement, vient au début de l'année demander sa subvention, passe par la réalisation d'un cahier des charges, en fonction de la contrepartie, qui est la subvention.
Donc, je crois qu'il n'y a pas de souci à se faire. C'est une exigence habituelle, classique. On attend des Directeurs d'institution qu'ils suivent la politique qu'on leur a communiquée.
Quand M. Durel est arrivé, nous lui avons parlé des passerelles qu'il fallait lancer sur la jeune création et sur l'enseignement. Il a ouvert l'amphithéâtre sans 1 F de plus et il a programmé 200 représentations avec de jeunes artistes.
A M. Roberdson, nous avons également communiqué nos objectifs : "voilà ce que l'on veut, on souhaite des passerelles avec le CNR et les jeunes musiciens professionnels". En conséquence, il va monter trois orchestres de jeunes. Avec Mme Boeuf, il conviendra d'avoir le même langage et d'exiger la réalisation des objectifs fixés. Il ne faut pas avoir peur.
M. LE MAIRE : Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées à la majorité.
(Les Groupes Socialiste, Radical de Gauche et apparentés, Communiste, GAEC et Lyon Fait Front se sont abstenus.)