EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 18/09/2000

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(Voir délibération)

2000-5706 - Dénomination rue Eugénie Brazier dans le 1er arrondissement (Cabinet du Maire) (BMO du 10/09/2000, p. 1609)

M. CHAVENT Jean-Marc, rapporteur : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, au mois d'avril, le restaurant de la Mère Brazier aura 80 ans d'existence. Cet établissement familial, fondé par Eugénie Brazier, perpétue, depuis sa troisième génération, la tradition gastronomique de notre Ville.

Sur la proposition de notre Collègue André Soulier, on souhaite débaptiser la rue Marceau pour l'appeler rue Eugénie Brazier. Cette proposition a reçu un avis favorable de la Commission.

M. BUNA Gilles, Maire du 1er arrondissement : Monsieur le Maire, c'est une intervention de précaution puisque, au Conseil d'arrondissement, nous avons eu une vive opposition d'un des membres de votre Majorité qui considérait, évidemment, que pratiquement, il y avait un crime commis contre la République, puisqu'un général disparaissait ! Nous avons tendance à penser qu'il est bien que, dans un arrondissement, où il n'y a que 2 % seulement de noms de rues qui reviennent à des femmes, que l'on en ajoute un petit peu. Eugénie Brazier est une femme d'origine populaire, elle a pu transmettre son savoir, elle a participé je crois, grandement, au rayonnement gastronomique de Lyon. Tant mieux, d'autant que les riverains, le rapport le souligne avec un peu de malice, sont d'accord : on oublie de dire qu'il n'y a qu'un immeuble dans cette rue.

M. LE MAIRE : Monsieur Buna, je suis personnellement d'accord avec vous.

M. HERNANDEZ Pierre, Conseiller municipal délégué : Je suis très heureux que la Mère Brazier qui représente des femmes laborieuses, ces femmes, ces mères...

(Bruits divers.)

... qui sont allées au travail et qui n'ont pas été reconnues pendant très longtemps, donne son nom à une rue. Mais ce qui me désole, c'est, qu'à côté de la rue Royale, on perde un général sans culotte, parce que Marceau était un type très bien : à 20 ans, il entre dans la Garde nationale, il meurt à 28 ans, c'est un des généraux républicains de la première période qui a été le moins sanguinaire, en Vendée notamment et, à sa mort, les Autrichiens lui ont rendu un hommage très particulier. Ce que je souhaite, c'est que dès que l'occasion se présentera, on rende à Marceau un petit bout de rue. Enfin, une dernière chose : je trouve qu'en ce moment, on sacrifie beaucoup trop de symboles républicains de la première manière. La question de la Corse, telle qu'elle est posée, telle qu'elle se pose...

(Protestations et exclamations dans les bancs des Groupes de Gauche.)

... me désole tout à fait. On est devant la démission d'un Etat, on va discuter avec des gens qui sont les assassins d'un Préfet et cela m'est insupportable !

(Bruits divers.)

Monsieur le Maire, je souhaite donc que l'on conserve un petit bout de rue Marceau.

M. GOLLNISCH Bruno : Vive l'Autriche !

(Rires.)

M. LE MAIRE : Monsieur Hernandez, ne sortons pas des limites de l'épure. La Corse est insulaire, vous conservez la rue Marceau, mais j'attends M. Chabert pour faire une proposition.

M. CHABERT Henry, Adjoint : Je vous remercie, Monsieur le Maire. Deux mots simplement pour donner une explication de texte, en quelque sorte, à l'intervention de M. Michel Chomarat puisque c'est de lui dont il s'agit, qui est intervenu en Conseil d'arrondissement. Il est évident que Michel Chomarat, comme nous tous ici, dans cette Assemblée, je ne pense pas qu'il y ait une seule exception, sommes très attachés à honorer la mémoire de la Mère Brazier. Je crois qu'elle fait partie, à la fois de l'histoire de Lyon, mais en même temps de la culture lyonnaise. Ce n'est pas quelqu'un attaché au patrimoine comme l'est Michel Chomarat qui dirait le contraire, qui a dit le contraire d'ailleurs, et à l'inverse son attachement est très fort à ce que le nom de la Mère Brazier puisse être attribué à une rue, en particulier, à celle qui est proche de son restaurant. Ce qu'il a souligné, en revanche, et ce qui me paraît devoir être retenu, c'est que le fait d'attribuer une rue à une personnalité, c'est le plus souvent, parfois, une nouvelle rue, donc c'est plus facile.

Mais, c'est souvent enlever aussi à une personnalité le nom d'une rue qui a été attribué en son temps, pour des raisons qui étaient évidentes. Qui pourrait imaginer que dans 30, 40 ou 50 ans, d'autres fassent disparaître le nom de la Mère Brazier, sans autre procès ! Ce serait, sans doute, regrettable ! Donc, la proposition de notre Collègue Pierre Hernandez est la seule qui vaille : pourquoi ne pas redonner ailleurs -car, bien entendu, le nom de la rue de la Mère Brazier s'impose ici- le nom d'une rue, d'un square, d'un établissement, à Marceau, qui a son avenue à Paris et qui peut bien avoir un bout de reconnaissance qui subsiste à Lyon. Cela peut être d'ailleurs l'objet de la Commission que vous aviez désignée, Monsieur le Maire, pour contribuer auprès d'André Soulier, à étudier ces choses-là. Cette Commission n'a pas fonctionné d'ailleurs, soit dit entre parenthèses, dans le cas présent, mais M. Soulier pourrait, à l'occasion d'une autre rencontre, évoquer cette question et j'en suis sûr, apporter toutes les solutions qui permettraient, à la fois à la Mère Brazier d'être honorée, sans oublier le Général Marceau.

M. LE MAIRE : Monsieur Chabert, très bonne idée ! Moi, j'avais une autre idée inspirée par le grand principe qui nous domine et nous commande tous, à l'heure actuelle, le principe de la parité, c'est de couper la rue en deux : la moitié Brazier et la moitié Marceau !

(Rires.)

On commence donc par Marceau, on finit par Brazier...

(Rires.)

Il n'y a pas une rue intermédiaire ? Alors, au nom de la parité, il faudrait dire la rue Marceau et Brazier...

(Bruits divers.)

M. CHABERT Henry : Ce serait une bonne manière d'illustrer la cuisine lyonnaise !

(Rires.)

M. LE MAIRE : Réfléchissez à cela ! Je suis ouvert à tout ce qui sauvegarde Marceau, mais qui retient Mme Brazier, surtout pour son 80e anniversaire.

Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées.