EXTRAITS DES DEBATS DE LA SEANCE DU 30/03/1998

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(Voir délibération)

 

98-2409 - Lyon 7e - Secteur Gerland Porte Ampère - Avis avant la mise en élaboration du Plan d'Aménagement de Zone avant création de la ZAC (Division de l'Aménagement Urbain - Service de la Coordination Urbaine) (BMO du 22/03/1998, p. 383)

Mme NACHURY Dominique, rapporteur : Monsieur le Maire, mes chers Collègues, il est proposé l'élaboration d'un projet de Plan d'Aménagement de Zone pour un terrain de 40 hectares dénommé Porte Ampère et situé pour partie sur Gerland et pour partie sur Saint Fons et propriété, aujourd'hui, d'EDF-GDF.

Ce PAZ sera mis à l'enquête publique avant la création de la ZAC. Ce projet a reçu un avis favorable de la Commission Urbanisme - Cadre de Vie - Espaces Verts et publics.

M. FLACONNECHE Jean-Pierre : Monsieur le Maire, quelques remarques concernant ce rapport. Tout d'abord nous considérons qu'en matière de foncier industriel il faut s'intéresser, en priorité, aux friches industrielles qui sont au cœur des quartiers.

Un des problèmes majeurs de Gerland est précisément celui des friches, tous ces bâtiments, tous ces terrains à l'abandon sont des dépotoirs quand ils ne sont pas le lieu d'activités moins avouables.

Cette situation est un facteur important de dégradation de la vie des quartiers et elle contribue à entretenir un climat d'insécurité.

C'est pourquoi, nous pensons qu'il est urgent de trouver une nouvelle destination à tous ces terrains et que l'offre aux entreprises doit passer par là avant de conduire à l'aménagement d'un secteur totalement isolé, qui, lui, ne pose aucun problème à la collectivité et qui peut rester, encore quelques années, voire quelques décennies, dans l'état où il se trouve aujourd'hui.

En outre, ce projet paraît curieux quand on sait que la Communauté urbaine estimait, il y a moins d'un an, à 75 hectares sur cinq ans l'écart existant entre le stock adapté et la demande exprimée en matière de foncier industriel et encore les 75 hectares se rapportaient à l'ensemble du territoire communautaire et pour Lyon intra-muros il ne s'agissait pas de 15 hectares sur cinq ans.

Il est donc probable que les friches industrielles de Gerland ne sont pas prêtes d'être résorbées et que ce projet de la Porte Ampère affectera aussi gravement le réaménagement d'autres sites lyonnais tels que Vidéocolor ou Industrie par exemple, c'est pourquoi nous voterons contre ce rapport.

Cela dit, je voudrais, pour terminer, évoquer un problème sur lequel, me semble t-il, il est urgent que nous puissions avancer et j'espère que le débat sur le POS nous donnera l'occasion de l'approfondir, c'est celui des rez-de-chaussée d'immeubles.

Il me semble, qu'aujourd'hui, quand on fait le choix de créer ou de favoriser l'implantation de bureaux, comme c'est le cas avec la ZAC de la porte Ampère, sur des sites extrêmement vastes où ils seront concentrés, on doit se poser la question de savoir si ces mètres carrés de bureaux ne pourraient pas trouver leur place en rez-de-chaussée des immeubles d'habitation.

On parle depuis des années de la mixité des fonctions. Je crois qu'à bien des égards ce serait tout à fait positif pour la collectivité. Il ne manque que la volonté d'aller dans cette direction.

Je crois que là on a une question importante à se poser et j'ai utilisé l'opportunité de ce rapport pour l'évoquer.

M. CHABERT Henry, Adjoint : Monsieur le Maire, je crains que notre Collègue Flaconnèche fasse quelques erreurs dans son analyse et dans son diagnostic.

Je comprends parfaitement son propos et j'adhère tout à fait à l'idée qui est la sienne de traiter, en priorité, naturellement chaque fois que cela est possible, les friches industrielles situées au coeur des quartiers.

Si on raisonne, en revanche, à l'échelle de l'agglomération, on peut considérer que ces 40 hectares sont au coeur de l'agglomération et que, par conséquent, c'est une chance tout à fait intéressante de pouvoir disposer ainsi, à proximité, de grands équipements dans un site qui va être très fortement équipé en particulier avec l'arrivée du métro, le square Galtier, avec l'ensemble du projet mis en oeuvre du boulevard scientifique, la présence de l'Ecole normale, l'Ecole supérieure de Lettres arrivante, et l'Université qui continue de s'implanter dans ce secteur. Je crois qu'il serait dommage, au contraire, de ne pas profiter de l'opportunité qui est offerte par la mise sur le marché de ces 40 hectares.

La différence avec d'autres friches c'est qu'en ce qui concerne celle-ci les propriétaires sont d'accord pour la mettre sur le marché. Il faut bien voir que parmi les friches existantes il y a celles qui appartiennent à la Communauté Urbaine ou à la Collectivité d'une façon générale et puis celles qui appartiennent à des propriétaires privés et tant que l'on est dans la Constitution qui est la nôtre où le respect de la propriété privée est inscrit on ne peut pas forcer un propriétaire à décider de commercialiser ses terrains.

Ce que nous pouvons concevoir, et nous l'avons fait, c'est dans le cadre du Plan d'Occupation des Sols, de préserver la vocation industrielle d'un certain nombre de sites ce qui d'ailleurs gêne un certain nombre de propriétaires qui préféreraient pouvoir, le long du boulevard Jean Jaurès, édifier de nouveaux logements, mais que nous avons forcés par un classement en Zone Ui ou Uid à préserver un avenir économique et industriel de ces friches. Mais on ne peut pas aller au delà, sinon on entrerait dans le cadre d'une économie dirigée dont on sait bien, ici ou là, d'ailleurs, qu'elle ne fonctionne pas. Je ne crois pas que ce soit, non plus, votre intention.

La remarque vaut d'ailleurs pour les rez-de-chaussée. Il y a 25.000 m² à peu près de rez-de-chaussée inoccupés dans l'agglomération lyonnaise. Donc notre intention à tous serait que ces rez-de-chaussée puissent être occupés par des activités diverses qui permettraient d'abord à nos coeurs de quartier, justement, de revivre et ensuite d'éviter une forme de gâchis, il faut bien le reconnaître, économique dans la non utilisation de ces rez-de-chaussée. Mais, là encore, c'est l'économie qui choisit et ce sont les dirigeants qui décident de leur lieu d'implantation.

Je dois dire qu'en ce qui concerne, puisque vous l'évoquez, le problème des bureaux dans l'agglomération lyonnaise tous les chiffres montrent que le marché des bureaux à Lyon est parfaitement sain. Nous sommes en offre de bureaux neufs à moins de sept mois de stock à l'heure actuelle ce qui place la Ville de Lyon tout à fait en tête du caractère sain, des marchés de bureau.

C'est vrai, aussi, d'ailleurs pour le logement et la question que l'on peut se poser c'est de savoir, au contraire, de quelle manière on pourrait attirer des investisseurs qui acceptent de réaliser un certain nombre d'investissements dit "de bureau en blanc". Ce sera prochainement le cas je vous le précise puisque vous êtes directement concerné par ce quartier, bien sûr Mme Desbazeille suit le projet avec beaucoup d'attention, sur le site de l'ex-ZAC du bassin de Plaisance ou de l'actuel encore ZAC du bassin de Plaisance, tant que nous n'aurons pas changé le nom et modifié le Plan d'Aménagement de Zone. Un projet d'implantation de bureaux verra bientôt le jour qui permettra aux sociétés déjà implantées en particulier autour de Rhône Mérieux et de Merks de pouvoir s'agrandir et, par conséquent, de développer leur activité sur ce site.

A titre d'exemple, je dirai que nous sommes plutôt sur la Part-Dieu, aujourd'hui, en manque d'offres de "bureaux blancs", la situation économique, la crise que nous avons traversée dans les années 1990 incitant les banquiers comme les investisseurs à être très prudents sur la possibilité ou la capacité d'investir en "bureaux blancs".

Nous avons bien, je crois, tous entendu vos remarques, elles sont incontestablement de bon sens mais, en quelque sorte, elles sont limitées par la réalité économique. En ce qui concerne la Porte Ampère, les 40 hectares que nous sommes en mesure d'offrir à l'activité économique dans cette partie de notre territoire et qui confortent la vocation technologique de ce secteur, met Gerland en connexion avec la vallée de la chimie et tous les développements qu'elle connaîtra prochainement à travers la reconversion de certains de ces sites. Je crois que tout cela est globalement une bonne chose pour l'économie de l'agglomération lyonnaise.

M. MOULINIER Jacques, Adjoint : Je vais intervenir en allant dans le même sens que M. Chabert, pour souligner que l'opération proposée, ne concerne qu'une première tranche de 20 hectares, car, effectivement, ce sont des opérations qu'il faut organiser dans le temps et réaliser étape par étape.

Ensuite, je voudrais souligner le fait que c'est une opportunité considérable, non seulement pour la Ville de Lyon, mais aussi pour l'agglomération lyonnaise. M. Chabert a indiqué tous les investissements publics réalisés sur Gerland, il est temps que les investissements privés viennent accompagner cet effort public considérable.

Nous sommes au cœur d'une politique de développement économique, puisque c'est la reconquête des friches industrielles. Cela permettra d'accueillir des entreprises en synergie avec les activités scientifiques industrielles et économiques de Gerland, au cœur du boulevard scientifique, donc c'est une opportunité qu'il est temps de mettre en œuvre.

M. FLACONNECHE Jean-Pierre : Monsieur le Maire, quelques instants pour dire que j'ai bien compris, cela a été répété, qu'il s'agissait de saisir une opportunité. Nous ne sommes pas contre les opportunités, évidemment, et nous pensons que l'on peut respecter, à la fois le droit de propriété et, bien sûr, une économie ouverte et avoir aussi la volonté, au niveau d'une politique économique, d'impulser un certain nombre de directions. Il nous semble que, là, on prend le risque, déjà retenu en matière d'urbanisme en 1990, qui consiste à mettre sur le marché un certain nombre de projets qui se concurrencent et se télescopent, ce qui finalement réduit les ambitions des investisseurs. Il est à craindre que l'on soit à nouveau confronté à ce type de situation avec le développement de cette ZAC.

Il est donc urgent de se poser, tout de même, les questions que j'ai indiquées tout à l'heure dans mon intervention préalable, avant de faire des choix de concentration si massive de locaux à usage de bureaux, de laboratoires, autant de mètres carrés qui peuvent parfaitement exister au cœur de nos quartiers, même si, bien évidemment, les surfaces ne peuvent pas convenir à toutes les entreprises et que ce n'est pas valable en toutes circonstances.

M. CHABERT Henry : Monsieur le Maire, en ce qui concerne le dernier propos, je souhaiterais apporter une précision. Il ne s'agit pas de créer sur la ZAC Porte Ampère, un ensemble de bureaux, mais simplement d'autoriser l'installation de quelques bureaux accompagnant les activités de recherche et d'industrie. On ne peut pas imaginer qu'une entreprise de type "Semicoyo" ou autre qui voudrait installer un laboratoire de recherches, n'accompagne pas cette installation de quelques bureaux nécessaires à son activité. Je n'imagine pas, d'ailleurs, qu'une activité à vocation tertiaire s'implante là, alors qu'elle a beaucoup d'autres opportunités dans l'agglomération pour le faire.

Quant au phénomène d'incitation que vous évoquez, je voudrais rappeler que MM. Moulinier et Forien, en liaison bien sûr avec tous les schémas de développement économique, le pratiquent puisque là encore, dans le 8e arrondissement, en face de l'école de formation de la métallurgie, viennent de s'installer à la fois les laboratoires Boiron et un village d'entreprises. Donc, chaque fois qu'on le peut, chaque fois que la propriété des terrains permet de le faire, chaque fois que l'on peut accompagner un propriétaire privé, on le fait, et c'est le cas de Valéo par exemple mais aussi celui de Vidéocolor. Cela pourrait être le cas de la ZAC Berthelot si on arrive enfin à se mettre d'accord sur son tracé qui, parce que l'on n'est pas d'accord, voit se détacher de ce site, la clinique qui devait s'y installer, heureusement au profit -parce qu'on l'y incite- de Valéo, restant dans le 8e arrondissement.

Il faudrait que de ce point de vue, on soit raisonnable les uns et les autres pour faire en sorte de satisfaire les besoins des entreprises en général, et ne pas imaginer qu'on les fera passer par des volontés si ce n'est pas leur intérêt majeur. Il faut que l'intérêt de la collectivité rejoigne celui de l'entreprise si l'on veut pouvoir satisfaire les besoins du développement de notre économie.

M. MURADIAN Vahé : Puisque la discussion a rebondi, je vais juste dire un mot sur ce sujet. Je crois qu'il y a un point assez clair à savoir qu'il ne faut pas que des opérations intempestives de bureaux viennent concurrencer des secteurs à vocation tertiaire et que se développent des immeubles de bureaux de manière excessive, avec le risque de la montée artificielle du prix des terrains.

Je crois que toutes ces questions sont à gérer dans le PAZ et dans le règlement de zone. J'en ai discuté avec MM. Moulinier et Chabert, nous allons être attentifs à doser la part de tertiaire de sorte qu'elle soit raisonnable et compatible avec la vocation de la zone et évolutive le cas échéant. C'est cela la vraie question. On peut très bien, par le jeu des modifications de PAZ, mieux s'adapter à la demande mais on a intérêt effectivement à commencer modestes et à se limiter à des activités de bureaux, complémentaires de l'activité économique majeure du site.

Voilà ce que l'on pouvait dire, mais tout cela c'est le travail que nous allons faire à la suite de la mise en élaboration du PAZ et au travers des groupes de travail à la Communauté urbaine.

M. LE MAIRE : Gerland est en train de se transformer et va devenir quelque chose de très important pour Lyon dans quelques années. Je crois que vous avez parfaitement raison de prévoir cette ZAC, d'y aller de manière progressive et de ne pas chercher à réaliser des investissements pour le plaisir d'en faire et, comme l'a dit M. Muradian, il convient de coupler les investissements aux implantations industrielles qui auront besoin d'un certain nombre d'établissements ou de bureaux.

Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n'y a pas d'opposition ? Elles sont adoptées à la majorité.

(Le Groupe Lyon Fait Front - Front National a voté contre.)